“Rêve Général” de James Chedburn – Galerie Lélia Mordoch
Les sculptures en mouvement de James Chedburn sont une invitation au voyage. Navires volants, oiseaux migrateurs ou moyens de locomotion d’un autre âge… ses créations ont l’élégance et la candeur de l’enfance, suggérant avec humour un temps révolu au regard de notre monde actuel.
Comme s’il dessinait en trois dimensions, il donne leur forme à ses œuvres avec du fil de laiton, telle cette cigogne déployant ses ailes pour transporter un vieil hydravion abîmé en mer, puis apporte une note de nostalgie en y intégrant de vieilles boîtes métalliques et des objets trouvés. Chaque pièce est alors mise en mouvement grâce à d’ingénieux mécanismes, motorisés ou actionnés par le public à l’aide d’une manivelle. Un univers onirique à la recherche d’un monde meilleur.
James Chedburn déploie les lignes de ses dessins dans l’espace avec du fil de laiton pour donner corps à toute sorte de créatures et de machines à voyager. Anciennes boîtes en métal et autres objets de récupération sont également parties intégrantes de ses sculptures. Parfois l’objet appelle l’œuvre, comme ces parties d’anciens aspirateurs “Tornado” de l’entre-deux-guerres qui lui ont inspiré un silencieux sous-marin. Les objets trouvés constituent aussi certaines parties de l’œuvre : une antique boîte à cigares permet d’actionner les flots, des morceaux d’instruments de musique – une trompette, une clarinette – se transforment en cheminées de bâteaux à vapeur, un casier d’imprimeur évoque la cité dans laquelle un tramway évolue entre les gratte-ciels…
Détournés de leur fonction première, ces objets acquièrent alors une deuxième vie, voire une troisième quand certaines boîtes ont été chinées avec leur contenu de vis ou de clous. Ce qui prime dans le choix de ces objets est leur vécu, cette idée d’un passé perdu, la nostalgie qu’évoque le nom d’une marque oubliée, le charme désuet contre le pessimisme actuel, comme si tout semblait plus simple du temps de l’enfance.
James Chedburn joue avec le vide et l’espace intérieur de ses sculptures autant qu’avec
leurs formes et leurs ombres portées, dont la présence est aussi forte que celle de leur
mouvement. Ludiques, la plupart de ses œuvres sont mobiles. Elles peuvent être mises en marche par le visiteur, ou animées par un moteur si l’artiste décide qu’il est plus intéressant de leur donner un mouvement permanent. Avec leurs mécanismes et leurs rouages apparents, ses œuvres en appellent autant à la poésie du réalisateur Michel Gondry qu’à l’ingéniosité de l’illustrateur britannique William Heath Robinson (1872-1944), resté célèbre outre-Manche pour ses dessins de machineries d’une absurde complexité.
« J’utilise des mécanismes qui ne sont pas toujours très logiques, on pourrait faire des choses beaucoup plus simples. Ce sont des systèmes un peu naïfs en vue d’obtenir quelque chose d’esthétique, d’intéressant à regarder. Il n’y a pas que le mouvement de l’œuvre qui m’intéresse, mais aussi la façon dont elle bouge… Un peu comme les jouets d’avant l’électronique, je veux que l’on voie comment cela fonctionne. (…) J’aime que l’on puisse actionner mes œuvres car cela crée un contact entre l’objet et le public. Les gens hésitent souvent parce qu’ils ont peur que cela casse, surtout si c’est leur enfant qui les manipule. Pourtant, les enfants s’y prennent toujours doucement, ils tournent lentement, ils regardent… A chaque fois qu’une pièce est abimée, c’est par un adulte, c’est curieux, non ? » – James Chedburn.
[Source : communiqué de presse]
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